Extrêmes droites impliquées dans les mobilisations « Covid » en Belgique

Première version 02 décembre 2021, dernière mise à jour le 5 février (avec Alliance pour l’Unité de la Roumanie, Europeans United for Freedom, La Meute Belgique, L’Éveil du peuple belge, Nation et Project Thule)

Le but de cet article n’est pas de faire une analyse [1] mais de fournir des informations. Des syndicats de personnels soignants, collègues, délégué.es, ami.es, groupes de gilets jaunes, etc. se font actuellement approcher par des collectifs ou individus d’extrême droite opportunistes qui profitent de la confusion ambiante et nous ont demandé de les aider à les reconnaître.

Cette liste sera régulièrement mise à jour. Toutes les images utilisées sont disponibles sur Internet.

Vous pouvez déjà retenir les noms suivants (cela va de la droite populiste au néo-nazisme) : comme organisations Civitas, Droits et Libertés, En Colère, éVeil, L’Éveil du Peuple Belge, Feniks, Indépendants Citoyens (InCi), Katholiek Forum, La Meute Belgique, Nation, Nationale Beweging, PNE (Parti national européen), Project Thule, La Rose Blanche, Réaction19, Samen voor Vrijheid / Ensemble pour la Liberté, Schild & Vrienden, Valeurs Nationales, United People, Vecht voor Vrijheid, Voorpost, Vrijheid, Viruswaanzin + comme individus Alain Escada, Cédric Zachariou, David Bouillon, Dries Goethals, Frédéric Baugniet « Fred Panpan », Grégory Bourguignon, Jeff Hoeyberghs, Leticia Knevels, Marko Kleijn Nadine Crovatto « Luna Stenfors », Olivier Leboutte « Être Souverain », Sarah Melis, Tomas Boutens, Valeria Appeltans.


Samen voor Vrijheid / Ensemble pour la Liberté

Organisation de la grande manifestation du 21 novembre 2021 à Bruxelles. Les personnes qui se présentent comme figures publiques de Samen voor Vrijheid sont Sarah Melis et Ezra Armakye. Initialement il y avait aussi Sacha Vliegen, militant connu de l’extrême droite flamande, utilisant pour l’occasion les faux noms de « Stephan Vanderbingen » et « Stephan Patrick ». Ils administrent ensemble le groupe facebook fermé « Protest Tegen de Coronamaatregelen » qui a donné naissance à cette grande manifestation « unitaire ».

Sacha Vliegen est membre de Feniks et de Schild & Vrienden, ancien du NSV (Nationalistische Studentenvereniging) et du Voorpost.

Quant à Sarah et Ezra, deux personnes inconnues jusqu’alors et qui doivent montrer bonne figure, on ne sait pas encore à quel point elles étaient actives dans les extrêmes droites avant ces manifestations ou « simplement » sympathisantes. Ce qui est clair, c’est qu’elles en font la promotion sur les réseaux sociaux, les côtoient, les invitent de manière pro-active, leur tendent le micro, les félicitent pour leur travail et œuvrent à leur banalisation en annonçant publiquement que les extrêmes droites sont les bienvenues à leurs manifestations et qu’elles font du bon travail. Il et elle sont aussi les responsables de Vecht voor Vrijheid, créé avec Lander Kerkhofs partisan de Schild & Vrienden et du Vlaams Belang.

Sarah Melis était déjà impliquée dans les mobilisations confusionnistes de Europeans United, elle est proche de Feniks et de Dries Van Langenhove qui l’a conseillée sur la façon de parler à la presse. L’Observatoire des extrêmes droites en Belgique a publié, par le biais de son journal Résistances.be, une photo où on la retrouve aux côtés de Dries Goethals (catholique et nationaliste intégriste président du Katholiek Forum), et avec le néo-nazi du Voorpost Jimmy Chapelier juste derrière eux. Cette photo a été prise en août 2021 au grand rendez-vous annuel des extrêmes droites flamandes « Ijzerwake ». Het Observatorium avait montré lors de la première marche que Dries Goethals faisait partie des organisateurs, et il ne le cache en rien comme on a pu le constater lors des dernières manifestations de Samen voor Vrijheid ou de Europeans United for Freedom. Comme tous les autres porte-paroles de ce mouvement « anti-covid » (sic), la différence entre ce que Sarah Melis dit officielement sur les plateaux télés et ce qu’elle pense vraiment (comme le contenu de ses publications Telegram qu’elle supprime après 24h) est énorme.

Jimmy Chapelier à gauche, Dries Goethals au milieu, Sarah Melis à droite
Sarah Melis avec un pull de l’organisation Feniks à la manifestation du 21 novembre
« parce qu’il faisait froid »

Ezra Armakye est un fan de Trump complètement allumé qui croit qu’on nous cache l’influence que les extraterrestres ont sur la terre, ou encore des enfants morts sous le métro bruxellois. Promoteur de la secte « Happy Science », il veut nous sauver de l’apocalypse pour nous amener « à la pleine lumière ». Comme Het Observatorium l’a observé, Ezra qui est peut-être moins actif dans les extrêmes droites (on ne sait pas) les côtoie en tout cas sans soucis : Jeff Hoeyberghs (Viruswaanzin), Gideon van Meijeren (du parti FVD – Forum néerlandais pour la Démocratie), Kris Roman (encore une fois), etc.

Ezra Armakye à gauche, Kris Roman à droite

La banderole des organisateurs en tête de manifestation était portée par les membres de Feniks, groupe issu de Schild & Vrienden (voir plus bas). Détails si cela était encore nécessaire : les chasubles bleues et les talkies-walkies des organisateurs. Continuer à nier que l’extrême droite est au cœur de l’organisation de ces manifestations et prétendre que sa présence n’y aurait été qu’anecdotique n’est plus de la naïveté mais du déni.


Feniks

Feniks est un groupe issu de Schild & Vrienden, qui est le nom d’une organisation néo-nazie déjà trop connue pour pouvoir faire de la récupération sur internet et dans la rue de manière efficace. Feniks est né sur les réseaux sociaux en… novembre 2021, plus que probablement à l’occasion de cette marche. C’est la première fois qu’on les voyait en rue. La première fois que leur logo apparaît sur le net c’est dans un article de Jonathan Diels, membre de Schild & Vrienden et responsable régional du Vlaams Belang Jongeren.

Sur la photo ci-dessous, tous les noms qui apparaissent sont ceux de membres de Schild & Vrienden, les autres n’ont pas encore été reconnus mais le sont probablement aussi.

On ne le répétera jamais assez : l’extrême droite est obligée d’avancer masquée car si elle se présentait de manière trop frontale énormément de personnes seraient repoussées. Elle le sait et s’adapte en fonction des situations. Ces mobilisations sont une aubaine pour elle afin de se légitimer et de banaliser sa présence dans les mouvements sociaux. Si on l’accepte, elle se cachera de moins en moins.


Schild & Vrienden, Dries Van Langenhove

Schild & Vrienden est un des groupes néo-nazis les mieux structurés de Belgique. Comme Génération Identitaire en France, il recrute auprès de jeunes d’extrême droite (principalement des étudiants bourgeois), investit énormément de moyens dans la communication, mène des campagnes de désinformation et de harcèlement, prépare ses recrues au combat et à la « guerre raciale » (sic). Son chef Dries Van Langenhove est député fédéral pour le Vlaams Belang. Il est actuellement poursuivi pour incitation à la haine.


Viruswaanzin, Jeff Hoeyberghs, Michael Verstraeten

Lorsque Viruswaanzin (« folie virale » en français) avait organisé sa première manifestation « anti-masques » en Belgique, en août 2020, nous avions publié un article pour informer que l’organisation avait été co-fondée par Jeff Hoeyberghs, chirurgien plasticien d’extrême droite proche du KVHV (Katholiek Vlaams HoogstudentenVerbond), récemment condamné pour appel à la haine misogyne.

Le porte-parole de Viruswaanzin est l’avocat conspirationniste Michael Verstraeten, également président de leur nouveau parti « Vrijheid » (« Liberté »). Passer d’une asbl à un parti en vue des prochaines élections, coup classique des extrêmes droites qui clament à qui veut bien l’entendre qu’elles sont « apolitiques ». L’organisation s’est comparée à « un ancien dirigeant allemand » qui aurait lui aussi lutter contre le « Grand Mensonge » (en référence au concept hitlérien « Große Lüge »). Ils font partie des nombreuses organisations confusionnistes qui ont menacé de mort des virologues.

Viruswaazin collabore régulièrement, pour des articles ou des manifestations, avec des néo-nazis connus comme Thomas Boutens (Project Thule, ancien militaire condamné pour son implication dans le groupe BETT – Bloed, Bodem, Er en Trouw) ou encore Marko Kleijn (ex-Voorpost d’origine hollandaise, leader du groupe Gele Hesjes , « Gilets Jaunes » proches du Vlaams Belang).


Europeans United for Freedom, Tom Meert

Alors qu’ils avaient déjà organisé des manifestations importantes à Bruxelles le 29 mai (pendant la cabale de Jürgen Conings) ainsi que le 11 septembre 2021, sans parler de leurs manifestations dans d’autres pays, personne n’avait l’air de trouver cela problématique que leur site internet et leur page facebook soient totalement vides d’information. L’organisation, lancée en juin 2021, ne référence qu’une seule personne contact (Tom Meert), malgré les moyens colossaux qu’elle utilise et malgré qu’elle revendique près de 600 associations partenaires (pourquoi ne pas en publier la liste ?) et pas moins de 800.000 membres. Rien que ça.

La façade : un « simple citoyen » donc, comme d’habitude, inquiet et uniquement mû par la défense « de la démocratie, des droits de l’Homme et du respect de la Constitution ». Soi-disant ni pour ni contre la vaccination, juste pour le libre choix. Tom Meert est également président de l’asbl « Free the Children ».

La réalité : des réseaux anti-vaccination internationaux, structurés et apparus bien avant le Covid, dotés d’une expérience et de moyens financiers très importants.

La plupart des orateurs invités lors de la manifestation du 23 janvier sont membres du conseil de l’organisation antivax de Robert F. Kennedy Jr., dit « Bobby », fondée en 2011, la Children’s Health Defense (1). Grâce à la récolte de dons, son organisation a plus que doublé ses revenus en 2020 pour atteindre près de 6 millions d’euros. Il s’agissait de la belge Senta Depuydt qui pense que les vaccins en général produisent l’autisme ; de l’allemand Reiner Fuellmich qui promet un procès de Nuremberg 2.0 où il y aura des condamnés à mort et qui prétend que les vaccins anti-covid sont des expérimentations de doses létales dans le but de provoquer une réduction de population au niveau mondial ; de l’ex sous-secrétaire d’État américaine dans l’administration George H.W. Bush, Catherine Austin Fitts, qui parraine la milice de suprémacistes blancs Oath Keepers (qui ont activement participé à la prise d’assaut du Capitole) ; de l’avocat allemand Markus Haintz qui fait régulièrement référence à la théorie du complot Qanon, théorie selon laquelle le monde serait dirigé par une élite pédo-satanique, et leader du groupe sous surveillance Querdenken. Les organisateurs de Europeans United se sont aussi réjouis de la venue des euro-députés d’extrême droite Robert Roos (ex Forum voor Democratie hollandais) et Francesca Donato (ex Lega Nord italienne).

Bref, encore une fois, une belle organisation « apolotique et spontanée » …


Belgium United for Freedom, Sarkis Simonjan

Belgium United for Freedom est un des innombrables groupes complotistes créés cette dernière année sur fond de Covid19. Il s’est allié à des extrêmes droites et en a fait la promotion bien plus que d’autres : En Colère de Gregory Bourguignon, Léticia Knevels et ses nervis de Valeurs Nationales (ancienne n°2 de Nation, cadre du PNE) qui a quitté BUFF pour créer l’Éveil du peuple belge, Olivier Leboutte « Être Souverain » et Marc Bazin (de Indépendants Citoyens), etc.

BUFF est mené par Sarkis Simonjan, chrétien orthodoxe intégriste (anti-avortement etc.) grand fan des théories du complot : satanistes tueurs de bébés dans les hautes sphères du pouvoir, le Covid n’existe pas c’est un complot des « mondialistes » (sic) afin de pucer la population via les vaccins, etc. Sarkis tente cependant de se professionnaliser, il nettoie sa présence sur internet et, comme les autres figures portes-paroles de ce mouvement de masse (Ezra Armakye, Sarah Melis, Tom Meert), il y a évidemment un gouffre entre son discours officiel et son discours réel.

Voir la vidéo ici si le lecteur ne fonctionne pas sur votre navigateur.

Belgium United for Freedom a organisé les manifestations des dimanches 5 et 19 décembre à Bruxelles, tentant de surfer sur le succès de la précédente. Autant sur le plateau de LN24 que durant sa « conférence de presse », Simonjan a mélangé la question des « casseurs » avec celle des militants d’organisations d’extrême droite (à qui il donne la parole, comme Alain Escada de Civitas) pour focaliser l’attention sur les premiers et ainsi éviter de parler des seconds.


Civitas, Alain Escada

Parti politique de catholiques intégristes, qui estime par exemple qu’il faudrait exterminer les personnes homosexuelles. Actif en France à la base, il est présidé par le belge Alain Escada (cofondateur du FNB, ex FN, Nation, …) à qui les organisateurs des manifestations à Bruxelles (Samen voor Vrijheid, Belgium United for Freedom, Europeans United for Freedom) donnent systématiquement la parole. Vous avez certainement vu passer leurs posters et flyers de désinformation complotiste sur la « dictature sanitaire » (sic) depuis début 2021. Comme la plupart des autres groupes présentés ici, mais avec beaucoup plus de moyens et de soutiens financiers, Civitas Belgique utilise la situation pour essayer de sortir de son stade groupusculaire en Belgique. Escada est aussi président du parti politique européen d’extrême droite « Coalition for Life and Family », coquille vide qui permet de toucher la dotation européenne de +- 300 000€ par an. Son slogan sur le « Pays Réel » est une référence explicite à Léon Degrelle, la figure de la collaboration nazie en Wallonie.


ÉVeil, En Colère, Gregory Bourguignon

ÉVeil est un nouveau parti politique composé d’anciens paumés de Nation, dont Gregory Bourguignon (ex Agir, L’Assaut, FN, FNB, REF, PNE…). Co-fondateur, avec Nadine Crovatto (« Luna Stenfors », ex Nation elle aussi), du collectif anti-migrants En Colère. Il vient d’annoncer le rapprochement entre ces deux coquilles vides.

Encore une parfaite illustration de groupes composés de néo-nazis qui se présentent comme de simples collectifs « citoyens » défendant la liberté, l’entraide et le fait de lutter « tous ensemble » main dans la main. Sur cette photo de la manifestation du 1er novembre à Namur, Gregory Bourguignon identifie fièrement sur sa page facebook qu’il marchait avec trois anciens membres de Nation bien connus : Stéphane Torré, Jonathan Delvallée « Du Buccy » (tatoué d’une croix gammée sur le cœur, condamné en 2016 pour le tabassage ultra-violent d’une personne sdf d’origine polonaise) et Geoffrey Botton (administrateur du groupe facebook éVeil, condamné pour les mêmes faits).

Le même blabla habituel pour justifier la présence de l’extrême droite
Stéphane Torré (à gauche), Jonathan Delvallée « Du Buccy » (au milieu) et Geoffrey Botton (à droite)

L’Éveil du peuple belge, Leticia Knevels

Un petit groupe mené par Leticia Knevels (ex n°2 de Nation, responsable du collectif Valeurs Nationales ex Collectif Identitaire Liégeois, cadre du PNE) a quitté Belgium United for Freedom en avril 2021, avec Jean-Louis Finck et d’autres personnages. Ce groupe, qui avait participé au happening confusionniste des masques blancs, n’a pas vraiment réussi à percer.


Nation

Parti « national-solidariste », Nation a été fondé en 1999 par des anciens du FNB et a vu passer dans ses rangs à peu près tous les militants nazillons de Wallonie. Comme tous les groupes d’extrême droite, il est présent aux manifestations « pour la liberté ». Dernièrement, il a recommencé à s’y présenter en tant que « Gilets Jaunes Patriotes », après avoir déposé la marque « Gilets Jaunes » lors du mouvement de 2018 (ne riez pas). Les Gilets Jaunes les avait expulsé, à l’inverse de ce mouvement-ci. Sa nouvelle présidente (à gauche sur la photo) est Nancy Van Den Eede et son nouveau secrétaire général Felipe Ferrera.


La Meute Belgique

Un énième groupuscule dissident de Nation lancé par Myriam Gravis. La Meute Belgique se définit comme un groupe de patriotes qui lutte pour « préserver notre identité culturelle« .


United People, David Bouillon, Fred « Panpan »

Le « docteur » Bouillon était membre du parti d’extrême droite Listes Destexhes autodissout depuis, ex membre de Mons en mieux (avec Georges Louis Bouchez), co-fondateur de United People avec Frédéric Baugniet « Fred Panpan » (ex La Droite), son avocat Paolo Criscenzo et leur acolyte David Magri complotiste islamophobe comme eux. Nombreuses plaintes contre lui à l’ordre des médecins. Instrumentalisation de personnes malades à des fins de visibilité publique et politique. Escroc ayant pratiqué de la médecine sauvage payante avec des tests antigéniques bidons. Etc.

Il a organisé plusieurs manifestations anti-vaccins sous couvert d’anti-CST à Namur et Bruxelles avant d’être dépassé par Samen voor Vrijheid et Belgium United for Freedom. Il a réitéré l’expérience le seul dimanche qu’ils lui ont laissé, le 12 décembre, mais ce fut un échec. Bouillon multiplie les appels aux dons avec son « asbl » Lagardère auprès d’un public crédule, asbl dont la cotisation s’élève pour les membres à 1.000€ par an. Son affiliation à l’extrême droite et ses manipulations posent de plus en plus problème aux personnes qui n’ont pas perdu leur esprit critique.

Le « Dr » Bouillon à gauche, Frédéric Baugniet « Fred Panpan » à droite

Alliance pour l’Unité de la Roumanie, section belge

Alianța pentru Unirea Românilor (AUR) est un parti d’extrême droite de Roumanie qui organise des manifestations sur la même thématique à Bucarest et est souvent présent à celles de Bruxelles, car il a un groupe constitué en Belgique. Il s’oppose à l’enseignement de l’Holocauste à l’école (tiens, quelle surprise) qu’il considère comme une « expérience idéologique sur les enfants« .

À la dernière manifestation bruxelloise avec leur banderole anti-communiste

Du côté de la Roumanie, l’euro-député Cristian Terhes est régulièrement présent aussi et fait partie des orateurs appréciés. C’est un chrétien conservateur membre de l’euro-groupe CRE, qui rassemble des partis de droite et d’extrême droite.

Cristian Terhes, avec Sarah Mélis et Dries Goethals à l’arrière

Project Thule, Tomas Boutens

Project Thule est le groupe du néo-nazi Tomas Boutens, ex-militaire condamné pour terrorisme. En 1999 il fout le feu à son école, plus tard il devient membre de la branche flamande du réseau néo-nazi « Blood and Honor » puis aura plusieurs procès pour agressions physiques. Malgré cela, on le laisse rentrer dans l’armée, où il recrutera pour former une cellule terroriste suprémaciste blanche, le BBET (Bloed, Bodem, Eer en Trouw – Sang, Terre, Gloire et Honneur) et le C18 (Combat Adolf Hitler), dont le but était de former ses « soldats politiques à la guerre raciale pour la sauvegarde de la Race blanche ». Il a écris le manuel « White Freedom Fighter ».

En 2006 le groupe est démantelé avec bombe, explosifs et des centaines d’armes saisies ainsi que 17 personnes arrêtées et jugées (dont l’ex-militaire Stan Van Meerhaeghe, qui gère désormais le Project Thule avec Boutens). En 2011 il a de nouveau été arrêté en possession d’armes à feu. Depuis, il écrit des livres sur le paganisme nordique, il a continué son club de motards Mjölnir, il fait l’agent de sécurité (ce qui est illégal) pour le dancing « Club Industrial » qui appartient à un cadre du Vlaams Belang, il donne des conférences et il est toujours un leader de la mouvance néo-nazie flamande.

Pour l’origine du nom « Project Thule », et l’intérêt du régime nazi envers la Société Thulé, lire cet article de AFF Verzet. En bref, Boutens partage le mysticisme présent dans l’idéologie nazie, tout comme ses partenaires identitaires néopaïens du Project Yggdrasil Waasland de Rob Verreyckens (ex élu Vlaams Belang). Tiens, et pour la bonne blague, adolescent il a fait partie d’un culte satanique… (spéciale dédicace à Sarkis Simonjean).

Il était proche de Jürgen Coning, connu au sein de l’armée pour ses idées d’extrême droite lui aussi, avec qui ils étaient en mission en Afghanistan en 2003. Lui aussi avait accès à des armes et du matériel militaire alors que la hiérarchie et les renseignements savaient qu’il était dangereux. Dans son cas, il voulait s’en prendre à des institutions, des virologues et des mosquées. Boutens était un de ses soutiens les plus affirmés lors de sa cabale.

Tomas Boutens à gauche, Jürgen Conings à droite

Hooligans d’extrême droite

Les hooligans qui participent aux émeutes lors de ces manifestations ne sont pas tous d’extrême droite, la grande majorité l’est. Les plus visibles sont pour l’instant le groupe Defend et le RJK Feyenoord (Rotterdam Jongeren Kern) provenant des Pays-Bas. De Belgique, plusieurs crews sont présents, dont ceux qui avaient déjà agressé des personnes lors de la Boum : des ultras du RWDM (Racing White Daring Molenbeek), de Beerschot, Genk, Bruges, Gent, Lokeren, etc.

Concernant les émeutes, la manière dont les organisateurs les entourent de théories du complot est presque risible : selon Samen voor Vrijheid les émeutes du 21 novembre auraient été provoquées par des policiers, selon Europeans United for Freedom, celles du 23 janvier auraient été le fruit de 500 « radicaux de gauche » (alors qu’ils n’étaient que quelques dizaines sur l’ensemble). La réalité est pourtant très simple, sauf pour les esprits tordus : les émeutes sont composées de hooligans, de militants néo-nazis, d’autonomes de gauche, de jeunes de quartier et, comme toujours dans les émeutes, de gens qui n’en n’ont pas l’habitude mais les rejoignent sur le moment-même. Après la manifestation du 21 novembre, des membres du Vlaams Belang avaient modifié des photos pour faire croire que les émeutiers étaient forcément des marocains plutôt que des hollandais du RJK. Une énième illustration du rapport aux faits de l’extrême droite…


La Rose Blanche

La Rose Blanche (« Die Weiße Rose ») était historiquement un groupe de résistant.es étudiant.es actif en Allemagne contre le régime nazi. Des confusionnistes d’extrême droite anglais ont détourné ce nom en créant un site et un canal de diffusion Telegram pour propager leur désinformation Qanoniste, pro-Trump, complotiste, antisémite, anti-masques (sic), anti-vaccins, de déni du virus, etc. Depuis, ils ont créé des relais francophones.

La Rose Blanche est un très bon exemple du détournement de codes et de symboles de gauche comme tactique de l’extrême droite pour jeter le trouble et la confusion dans les repères idéologiques, politiques et historiques de la population. Ici, ils détournent l’artiste anarchiste Banksy, le socialiste révolutionnaire Georges Orwell auteur de 1984, la résistante antifasciste Sophie Magdalena Scholl, la lutte contre les industries privées de la pharmaceutique ou des GAFAMs, la critique des médias et de la télévision, la Résistance face au fascisme, des figures populaires comme V pour Vendetta, etc.

Il ne s’agit pas d’un « groupe » actif en Belgique mais d’autocollants qui inondent nos villes (Liège, Bruxelles, …) depuis plusieurs semaines et les métropoles d’une vingtaine de pays depuis bien plus longtemps. Les personnes qui les impriment et les collent feraient bien de se renseigner un minium et d’arrêter de faire les moutons en participant à leur propagande révisionniste nauséabonde.


Les comparaisons avec l’Holocauste et le régime nazi, l’apartheid ou la ségrégation raciale

J'ai du mal à voir la similitude entre le fait qu'on 
vous demande de vous faire vacciner pendant une pandémie et l'extermination systématique de six millions de Juifs dans des camps de la mort, des 
chambres à gaz ou dans des fosses communes à 
ciel ouvert. Cela me rend malade de penser que si peu de gens comprennent la douleur que de telles bannières provoquent, et que si peu de gens 
réalisent vraiment l'énormité et l'ampleur de 
l'Holocauste. À ceux qui ont défilé aujourd'hui 
avec une grande étoile jaune, je dis : ne faites pas ça. Peu importe ce que vous pensez des restrictions sanitaires, personne ne vous tatoue les bras, 
personne ne vous case dans des camions à bétail 
et personne ne veut que vous, votre famille et vos proches meurent. Tout d'abord, assurez-vous 
d'avoir les connaissances et de savoir ce que cette étoile jaune représente réellement. 

(Menachem Margolin de l'European Jewish Association)

Dans un autre registre, le détournement de slogans féministes comme « My Body My Choice » (« Mon Corps Mon Choix ») ou de slogans antiracistes comme « I Can’t Breathe » (« Je ne peux pas respirer ») est monnaie courante dans ces manifestations.

Bruxelles, 21 novembre (théorie du complot antisémite)
Bruxelles, 5 décembre
Bruxelles, 19 décembre
(crédits de l’image : Didier Lebrun)

Des participant.es du FAL 2.0

[1]

Concernant la manifestation du 21 novembre 2021, si prétendre que les dizaines de milliers de personnes présentes dans les rues étaient toutes d’extrême droite est ridicule, s’enfoncer dans un déni quant au rôle et à la place de l’extrême droite dans ces mobilisations est dangereux et irresponsable. Si la majorité des manifestant.es n’ont évidemment aucun désir de renforcer l’extrême droite ou le fascisme (antithèses de la liberté), le résultat est là.

Lorsqu’on voit une telle communication, avec de tels slogans, de tels noms et de tels logos, cela nous saute aux yeux que « ça pue », même lorsqu’on ne connaît pas les organisateurs. Mais force est de constater que cette réaction de bon sens n’est pas communément partagée, du moins pas suffisamment.

De nombreuses personnes considèrent s’être faites trompées ce 21 novembre. Pourtant, il y avait des logos d’extrême droite assumée sur l’affiche, et nous étions nombreuses à avoir essayé d’alerter sur ce sujet. Mais il faut bien garder en tête une évidence : Civitas et éVeil sont des groupuscules peu connus du grand public (en Belgique). Il en va autrement de Schild & Vrienden, et c’est pourquoi ce groupe a dû avancer masqué en empruntant le nom et logo de « Feniks ». C’est également pour cette raison que les portes-parole du mouvement ne peuvent pas être ouvertement d’extrême droite – même si ils leur déroulent un tapis rouge.

Maintenant, de deux choses l’une : soit les participant.es à la manifestation et les autres organisations partenaires (celles qui prétendent être contre les idées et les projets de l’extrême droite) se désolidarisent clairement de cette récupération et s’organisent pour ne plus lui laisser de place, soit elles continuent de faire le lit du fascisme en lui donnant la parole, en minimisant le problème, en ne se remettant pas en question, en lui facilitant la tâche.

Accepter de marcher avec l’extrême droite à ses côtés est un point de non retour. Mais, en plus de cela, il y a un monde de différences entre une manifestation où quelques fascistes sont présents et une manifestation organisée par des fascistes.

Il est à ce niveau naïf de croire que toutes les extrêmes droites s’affichent clairement (drapeaux, logos, noms, habits, slogans, etc.) dans ces mobilisations. Elles s’adaptent au contraire selon les contextes, la majorité d’entre elles profitant de la confusion ambiante pour avancer masquée. Plus on leur laisse ou donne de la place plus elles peuvent ensuite se présenter de manière décomplexée. Cela fait partie de leur stratégie : récupérer les mobilisations actuelles petit à petit, se faire des contacts et du réseau, se faire de l’argent via des récoltes de dons, banaliser leur présence, organiser et appeler à des manifestations de manière de plus en plus publique, etc.

Dernier point, et c’est loin d’être un détail : les grands méchants d’extrême droite ne sont pas le seul problème dans ces manifestations. Ce n’est pas un hasard s’ils s’y sentent bienvenus, et il serait temps de se demander pourquoi. Les gens ont plus que raison de se révolter contre la gestion gouvernementale catastrophique, incohérente, hypocrite et injuste de cette pandémie, mais ce n’est pas ça qui est proposé dans les appels à manifester ni dans une grande partie des messages (sous forme de tracts, de banderoles ou de pancartes) qu’on y retrouve. Une grande partie de ce qui y est défendu est malheureusement commun avec la vision du monde de l’extrême droite : rapport « alternatif » à la vérité et aux faits, désinformation de masse, théories du complot, mythes sur les juifs, sur le « mondialisme » (sic), sur les vaccins, sur le virus, poujadisme, mépris envers le reste de la population soi-disant « moutonière », idéologie libertarienne, eugénisme, …

Les « vraies » gauches devraient d’ailleurs arrêter de courir comme des poules sans tête derrière ces thématiques qui nous sont imposées par les autorités et les complotistes. Elles auraient au contraire tout à gagner à se mobiliser sur les réels enjeux que sont les inégalités mises en lumière par la pandémie, la crise du logement abordable (aggravée par les pertes de revenus et les inondations), le prix de l’énergie, la revalorisation des activités essentielles (dont les soins de santé), la lutte contre les désastres écologiques, la levée des brevets sur les vaccins, etc.

NOTES

(1) Depuis, une branche européenne (Children’s Health Defense Europe) a été fondée en août 2020, avec l’aide de Viruswaarheid des Pays-Bas (Willem Engel) et de Querdenken d’Allemagne (Markus Haintz). Cette organisation est le rassemblement des mouvements antivax américains et européens. Son conseil d’administration n’est composé que de membres de l’American Children’s Health Defense et du groupe de pression européen anti-vaccination EFVV (European Forum for Vaccine Vigilance).