Présence de Florian Philippot à Liège avec son public BAM, Revivance, Collectif Citoyen, etc.

Nous avons appris que Florian Philippot (Les Patriotes, ancien vice-président et chargé de communication du FN) avait assisté à une audience au tribunal de Liège ce vendredi 17 mai.

Il s’agissait d’une audience liée à la plainte de Frédéric Baldan (un lobbyiste européen PDG de la société CEBiz spécialisée dans les relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine) et de son avocate Diane Protat (qui est aussi l’avocate du collectif confusionniste Bon Sens et du média d’extrême droite France Soir) [1]. Il et elle attaquent la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyden (membre du parti de droite conservatrice CDU en Allemagne et du groupe européen PPE) sur l’affaire « Pfizergate » des sms qu’elle a échangé avec le PDG de Pfizer en 2021. Le lobbyiste et son avocate ont notamment demandé aux tribunaux de condamner l’Union européenne à lui verser 100.000 euros « à titre de réparation du dommage moral qu’elle lui a causé » pour sa perte de confiance en l’institution [2].

Les différents collectifs soi-disant « citoyens » et médias prétendument « alternatifs » présents (BAM, Revivance et Collectif Citoyen – qui se présente aux élections) étaient apparemment très heureux d’être accompagnés d’un fasciste pour mener cette lutte de haute résistance. 

Que les choses soient claires, attaquer en justice Ursula von der Leyden, ou n’importe quel autre président·e de la Commission européenne qui défendent tous l’ordre néolibéral et bourgeois, n’est pas un problème. C’est pourquoi l’attaquer (pour des fantasmes) et avec qui (avec l’extrême droite) qui est un problème.

Concernant les contrats Pfizer, négociés par Ursula von der Leyden sans mandat, les mouvements confusionnistes s’inventent une histoire dans laquelle les commissaires européen·nes achèteraient en masse des vaccins inefficaces, voire néfastes pour la population (et ça c’est la version soft), plutôt que de se rendre à l’évidence que les commissaires européen·nes ne remettent jamais en question le marché privé capitaliste et qu’ils lui déroulent le tapis rouge. Le fait que de nombreux contrats passés avec la Commission européenne soient entachés de vices de procédure, de corruption ou de « scandales » n’est que la pointe de l’iceberg de cet ordre néolibéral et bourgeois qu’il faut déconstruire. Le fascisme, le nationalisme, le complotisme et la désinformation de Florian Philippot ne nous y aidera en rien.

Ce politicien est en pleine campagne électorale et les mouvements confusionnistes lui servent la soupe.

Ce politicien est en pleine campagne électorale et les mouvements confusionnistes lui servent la soupe. Pour rappel : il n’avait pas réussi à se faire élire aux dernières élections européennes et devenait relativement insignifiant… Avant de surfer sur le complotisme depuis le Covid et d’ainsi relancer sa carrière politique. Et cela fonctionne…

Crédits : La Meuse
(Frédéric Baldan à droite)

Quand on se prétend « ni de gauche, ni de droite », comme le font les collectifs « citoyens » et les médias « alternatifs » présents à cette audience, il n’y a apparemment aucun soucis à s’allier avec n’importe qui et avant tout avec l’extrême droite.

Dans cette affaire, il ne s’agit en rien de défendre les intérêts de la population face aux multinationales et à la Commission européenne, il s’agit avant tout de faire vivre le récit complotiste et de mettre en difficulté des adversaires politiques particuliers en pleine période électorale (d’ailleurs les gouvernements hongrois et polonais ont sauté sur l’occasion de s’impliquer dans cette affaire et ont demandé des devoirs complémentaires). L’extrême droite instrumentalise les luttes agricoles, nécessaires et légitimes, exactement dans le même objectif : ne rien changer à l’ordre néolibéral et bourgeois mais affaiblir ses adversaires politiques pour avoir plus de pouvoir.

Nous en sommes donc là : des médias soi-disant alternatifs qui avant acceptaient passivement que l’extrême droite soit présente au même endroit qu’eux, et qui aujourd’hui leur tendent le micro avec enthousiasme et un large sourire aux lèvres.

Nous en sommes donc là : des médias soi-disant alternatifs qui avant acceptaient passivement que l’extrême droite soit présente au même endroit qu’eux, et qui aujourd’hui leur tendent le micro avec enthousiasme et un large sourire aux lèvres. BAM, qui manifestement se connaissait déjà avec l’intéressé, a mené l’interview à la sortie d’audience, aux côtés d’Anne Lallemand de Revivance et de membres du Collectif Citoyen entre autre. Six minutes de mise en valeur du fasciste Florian Philippot et de son discours, avec les mêmes rengaines habituelles (mondialisme etc.), sans aucune remise en question ou esprit critique. Ils partageaient le même langage et les mêmes idées.

BAM se prétend un média « rigoureux », « indépendant », et ayant pour objectif de « fédérer la population au lieu de la diviser ». Ne vous étouffez pas… et choisissez d’autres médias alternatifs.


[1] À propos des liens entre réseaux antivax et mouvements d’extrême droite lire notre dossier de 2022 : https://liege.antifascisme.be/pourquoi-en-tant-quantifascistes-nous-ne-participons-pas-aux-mobilisations-pour-la-liberte/

[2] https://www.levif.be/international/europe/un-citoyen-belge-reclame-la-destitution-dursula-von-der-leyen-devant-la-justice-europeenne/