Membre du parti d’extrême droite Listes Destexhes autodissout depuis, ex membre de Mons en mieux (avec Georges Louis Bouchez), co-fondateur de United People. Nombreuses plaintes à l’ordre des médecins. Instrumentalisation de personnes malades à des fins de visibilité publique et politique. Escroc ayant pratiqué de la médecine sauvage payante avec des tests antigéniques bidons. Etc.
Avant propos
Après Bruxelles et Namur, Le « Dr » David Bouillon a annoncé une troisième manifestation contre le « Covid Safe Ticket » (CST) ce samedi 16 octobre à Liège, avant de la déplacer vers Bruxelles.
Ses discours et manifestations confuses portent très peu sur le CST, elles se focalisent sur la vaccination. Ces mobilisations, soutenues par différents groupes et personnalités d’extrêmes droites, rassemblent des publics très diversifiés : si une bonne partie des participant.e.s est contre la vaccination, s’y côtoient des complotistes, des personnes inquiètes face à la vaccination, des personnes opposées au CST, ou d’autres simplement critiques de la mauvaise gestion étatique de cette période Covid.
Il est important de préciser une évidence : ces différents groupes et personnalités d’extrême droite ne se présentent et ne s’annoncent évidemment pas comme telles. Elles avancent masquées, et ce n’est pas nouveau, puisqu’elles savent que l’acceptabilité du fascisme reste peu élevée au sein de la population. Ce qui est nouveau par contre, c’est qu’elles ont réussi à se faire une place dans certaines de ces mobilisations. Et ce n’est pas parce qu’elles sont peu nombreuses, ou peu affirmées visuellement, qu’il faut les ignorer et les laisser faire. S’intéresser à qui elles sont, s’en dissocier publiquement, refuser toute alliance avec elles et expliquer pourquoi, permet de couper à la racine toute possibilité de récupération.
Il est important de préciser aussi quelque-chose de beaucoup moins évident : les extrêmes droites organisées ne sont pas le seul problème. La banalisation de leurs récits sur le Covid, de leurs médias de désinformation et du complotisme est aussi un problème [1]. Sans aborder ici les conséquences négatives d’une utilisation de plus en plus vague et inappropriée du terme complotisme, précisons bien qu’une personne qui adhère à certaines thèses complotistes n’a rien à voir avec un membre convaincu d’une organisation fasciste. Ces situations n’appellent pas les mêmes réactions, mais l’une comme l’autre doivent être prises en compte.
Ces manifestations « à la Bouillon » nient ou minimisent volontairement le problème et les défis que posent la propagation du virus, diffusent de fausses informations et comparent la situation actuelle à ce qu’ont vécu les victimes de la Shoah, de l’apartheid ou de l’esclavage.
À rebours de cette confusion, d’autres mobilisations, venues d’en bas à gauche, ont lutté contre les mesures infantilisantes, inefficaces, excluantes et potentiellement risquées des autorités, tout en prenant au sérieux la pandémie elle-même et ses conséquences sanitaires, sociales, économiques et politiques : la Santé en Lutte, les Brigades de Solidarité Populaire, les Cortèges de Braises, Still Standing for Culture, etc. furent parmi les premières à œuvrer sur ces deux fronts. Aujourd’hui, c’est contre le caractère autoritaire et inégalitaire du CST que ces acteurs se mobilisent solidairement.
Qui est le « docteur » Bouillon, où se situe-t-il politiquement ?
Le « Dr » Bouillon s’est fait connaître politiquement une première fois en rejoignant la liste électorale dirigée par Georges-Louis Bouchez (le très droitier président du Mouvement Réformateur) « Mons en mieux ». Annoncée en grande pompe dans la presse et sur les réseaux sociaux par l’équipe de GLB, la candidature électorale du « Dr » Bouillon ne fût pourtant pas de tout repos. Rapidement, scandales et polémiques éclaboussent le « Dr » Bouillon et l’amènent, après quelques atermoiements et son élection au conseil communal de Mons, à quitter la liste de GLB et ensuite à démissionner des bancs communaux.

Plusieurs de ses collègues médecins, dont un de ses proches collaborateurs dans le projet des « pharmacies solidaires », le docteur Lechien, accuse le « Dr » Bouillon de filmer ses patient.e.s à des fins de propagande électorale et politique : « En tant que médecin, nous réalisons tous une médecine sociale, dévouée, et humaine auprès de personnes défavorisées et fragilisées. Mais en aucun cas, il nous est permis d’exposer la maladie, la misère et la souffrance de nos patients à des fins de carrière personnelle, ici politicienne. Tel est le serment que nous avons tous prononcé et l’éthique que nous devons tous respecter. […] Jamais je ne me serais imaginé que l’un d’entre nous en arriverait à exposer aux médias et sur les réseaux sociaux des personnes fragilisées psychiquement et physiquement, souvent peu conscientes des fins relatives à l’exposition. » Les plaintes, de patient.e.s comme de médecins, se multiplient. L’ordre des médecins est alerté à une quinzaine de reprises minimum et c’est une première gifle qui frappe la formation de « Mons en Mieux ».
Très vite d’autres suivent : la camionnette médicale du « Dr » Bouillon subsidiée par la Région Wallonne à hauteur de 30.000€ porte les couleurs politiques de « Mons en mieux » et certains y voient un détournement d’argent public. Mais c’est surtout son engagement dans le parti d’extrême-droite « Listes Destexhe » et la polémique qui s’ensuit qui précipite son départ de « Mons en mieux ». Si ce fait a été suffisamment documenté et médiatisé, ce n’est pas le seul engagement du « Dr » Bouillon à l’extrême-droite.
Suite à l’échec électoral des Listes Destexhes, le « Dr » Bouillon co-crée en 2020 une ASBL dont la véritable vocation est d’être un parti politique : il s’agit de l’ASBL « United People ». En plus du « Dr » Bouillon, nous y retrouvons Frédéric Baugniet dit « Fred Panpan » à l’origine de l’ASBL. Les autres membres de l’ASBL sont des proches des deux hommes : citons par exemple Paolo Criscenzo, l’avocat du « Dr » Bouillon, ou encore David Magri, complotiste assumé.

Le « Dr » Bouillon et Frédéric Baugniet sont proches. Les deux acolytes agissent ensemble et les engagements de Frédéric Baugniet au sein de l’extrême droite sont connus : il s’est notamment présenté sur la liste « La Droite », parti politique d’Aldo Mungo et dissidence du Parti Populaire, ne cache pas sa haine islamophobe ni son conspirationnisme. Frédéric Baugniet aura ainsi un rôle actif dans l’ASBL du « Docteur » et participera à la mise en place de l’escroquerie des tests Covid (nous y reviendrons). Pour l’anecdote, alors que le personnage « Panpan » est tellement outrancier que la presse comme plusieurs sites antifascistes s’y intéressent de près, un autre site enregistrera même son nom comme nom de domaine pour y traiter l’actualité du personnage !

La crise du Covid arrive à point pour lancer les projets politiques de nos deux compères de « United People ». Si le programme politique de l’ASBL est particulièrement creux et vide, la séquence du Covid leur offre une thématique sur un plateau afin de s’offrir une consistance. S’ensuit rapidement une production conspirationniste relativement classique concernant le Covid. Et si le « Dr » Bouillon s’attaque aux vaccins, proclame l’inutilité des tests PCR ou annonce (sans preuve cela va de soi) que les personnes du groupe sanguin O positif ne seraient pas sujettes au Covid, ce n’est évidement pas par simple intérêt politique ou électoraliste. Des enjeux financiers sont également présents. En effet, les deux complices vendent des tests antigéniques non reconnus en Belgique, qu’ils accompagnent d’un « certificat » du « Dr » Bouillon sur la présence/absence du Covid chez les patient.e.s testé.e.s. Contre rémunération, évidement. Cette escroquerie médicale se déroule dans des bars, des salles de sports et même dans le local de l’ASBL/Parti politique « United People ». La polémique gonfle, la police intervient à plusieurs reprises contre le « Dr » Bouillon et perquisitionne les locaux du parti/ASBL. Si le « Dr » Bouillon essaye continuellement de se positionner en victime, voire en résistant (sic), son opportunisme financier et politique saute aux yeux.
Depuis cet épisode, le « Dr » Bouillon est passé de l’escroquerie médicale à la mobilisation politique en organisant plusieurs manifestations. Manifestations teintées une fois de plus d’escroquerie financière, puisqu’il n’en finit pas de faire des appels aux dons lors de chacun de ses post, visuel ou vidéo. Niveau ambiance politique, plusieurs cadres et militants d’organisations d’extrême-droite furent présents tant à la « marche citoyenne » à Bruxelles qu’à celle de Namur. Ils ont pu en profiter pour se mettre en avant, pendant et après ces manifestations. Et ils annoncent en toute logique leur venue à la prochaine manifestation, celle du 16 octobre. Disons-le d’emblée, les extrêmes-droites se fichent de la question du Covid et des inégalités, elles n’ont eu de cesse de mentir et si elles ont continué à attiser les colères, c’est afin de se visibiliser, de se remplir les poches, d’attirer par la tromperie de nouveaux membres et de contaminer les débats sur de faux enjeux.
La fachosphère et les manifestations anti-masques, anti-confinement ou anti-vaccination
Le Front Antifasciste de Liège 2.0 a montré à plusieurs reprises la présence ou l’infiltration de la fachosphère dans des mobilisations dites « citoyennes » contre le masque ou contre le confinement ou contre la vaccination. Si nous insistons pour différencier d’une part les personnes inquiètes, voire confusionnistes ou complotistes, des militant.e.s d’extrême-droite convaincu.e.s, nous insistons aussi pour différencier les mobilisations où la fachosphère est « simplement » présente de manière opportuniste, des mobilisations où les organisateurs sont eux-mêmes d’extrême droite comme c’est le cas ici.
Cet effet d’aubaine provoque un véritable remous dans la fachosphère belge francophone puisque plusieurs cadres et militants d’extrême-droite s’agitent sur les réseaux sociaux, mobilisent et invitent leurs compagnons de route à venir dans les manifestations du « Dr » Bouillon. Citons parmi elles, Marc Gérombeau du Parti Populaire de Verviers ; Grégory Bourguignon un ancien du Front National de Belgique et de Nation connu pour ses actes violents et qui est à l’initiative de para-structures d’extrême-droite intitulées « En colère » ; « Luna Stenfors » (Nadine Crovatto) du mouvement « Les Braves » et ancienne de Nation ; Léticia Knevels présidente de « Valeurs Nationales » elle aussi ancienne de Nation ; etc.




Ces manifestations du « Dr » Bouillon et la minimisation du problème de la présence d’extrême droite leur permettent de partager une lutte et des espaces communs, de s’afficher publiquement dans la rue, la presse et sur les réseaux sociaux, de s’attirer de nouvelles sympathies et de recruter parmi des personnes non issues des extrême-droites.
Participer à de telles manifestations plutôt qu’à d’autres, en connaissance de cause, c’est participer aux renforcements de ces extrêmes droites.
Des participant.e.s du FAL
NOTES
[1]
– Les extrêmes droites prônent l’eugénisme, c’est-à-dire qu’elles veulent s’arroger le droit de sélectionner les individus qui doivent vivre et ceux qui doivent être éliminés. Durant la séquence Covid, elles ont réussi à banaliser l’idée que certaines vies étaient négligeables, que les vies n’auraient pas toutes la même valeur.
– Les extrêmes droites ont un rapport à la vérité inversé au nôtre. Elles ne sont pas intéressées par elle, ce qui les intéresse c’est de nourrir leurs discours quitte à ce que ce soit avec des mensonges et de fausses informations.
– Les extrêmes droites surfent sur une vague, proclamant défendre une certaine « liberté », mais elles ne veulent en rien la liberté de la population. Elles sont par nature autoritaires, elles veulent diviser la population et en exclure voir éliminer une partie. ↩