Retour sur le 1er mai à Liège

1er mai à Liège, une fois encore l’antifascisme liégeois prend la rue en lieu et place de l’extrême-droite

Une journée de lutte et de musique couronnée de succès

Le parti néonazi Nation avait annoncé peu après les émeutes du 13 mars [1] l’organisation d’un meeting à la place Saint-Lambert lors du 1er mai [2] ainsi que la présence de Carrera Neefs comme principale intervenante. Cette ancienne conseillère communale élue sur une liste NVA, membre de Schild & Vrienden, avait rejoint en cours de mandat le Vlaams Belang mais elle en a été exclue après avoir refusé de signer la charte du parti suite à son buzz médiatique pour avoir rendu hommage au premier volontaire hollandais ayant rejoint les SS [3]. Aujourd’hui, elle s’est recyclée au sein de Nationale Beweging, un groupuscule néonazi flamingant allié de Nation.

C’était sans compter la réaction des antifascistes de Liège qui décidèrent de faire d’une pierre deux coups en organisant un rassemblement culturel contre les extrêmes-droites. Il s’agissait de répondre à l’appel de « Still Standing For Culture » pour défendre le caractère essentiel de la Culture mais aussi afin de ne pas laisser la place aux extrêmes-droites. C’est dans le cadre d’une organisation commune avec La Cible ASBL, le théâtre Arsenic2 et avec le soutien de Solidarité Culture Liège ainsi que celui de la FGTB Liège-Huy-Waremme que le Front Antifasciste de Liège 2.0 a prévu des concerts et un meeting avec de nombreuses prises de paroles contre le racisme, en faveur de la Culture et de tous ceux taxés de « non-essentiels » mais aussi afin d’exiger des mesures sanitaires solidaires en opposition avec la gestion répressive de l’épidémie.

Malgré une campagne publicitaire nocturne agressive dans l’espace public (affiches, autocollants, etc.) et dans l’espace virtuel à coup de publications sponsorisées, aucune traces des fascistes à la place Saint-Lambert lors du 1er mai. Après avoir fait les coqs pendant des semaines, ni Carrera Neefs ni Nation n’auront été présents. La première a annulé sa venue tandis que les seconds ont privilégié de mener quelques petites « opérations » à la sauvette dans la périphérie liégeoise. Habitués à ce genre de flop magistral, les nazillons liégeois en ont profité pour se couvrir encore plus de ridicule en allant fleurir la tombe de … Julien Lahaut ! Il parait qu’au cimetière de Seraing, on entend toujours un flot d’injures sortir de la tombe du grand antifasciste wallon [4].

A l’inverse, du côté de la culture, de l’antifascisme et de la solidarité, cela été un très beau succès : tout d’abord par notre présence à la place Saint-Lambert dès 9h du matin prenant de facto la place aux fascistes (notre rendez-vous officiel était à 10h et le leur à 11h). C’était sans compter la présence de la police venue en nombre et « bien » équipée puisqu’une autopompe était présente, et « oubliant » comme d’habitude ses nominettes [5]. Elle est intervenue vers 10h30 malgré que notre scène, la sonorisation et les stands étaient déjà installés et que nous étions déjà nombreux sur place dans l’attente des prises de parole qui allaient débuter. Mais malgré cette pression, notre rassemblement fut bel et bien un succès car nous avons maintenu nos activités dans l’espace public quelques centaines de mètres plus loin, au niveau de la place Saint-Barthélemy. Les concerts furent terribles et c’est plusieurs centaines de personnes qui participèrent [6]. Remercions ici le bouche à oreilles qui a permis que l’information du déplacement d’endroit circule, bien que le changement rapide nous ait fait perdre du monde qui continuait d’affluer au fur et à mesure sur la place Saint-Lambert.

Dès notre arrivée sur la nouvelle place, nous avons repris l’événement par les prises de parole. Ainsi est-ce d’abord des membres de « Solidarité Culture Liège » qui ont pu nous rappeler le rôle primordial de la Culture en cette période puis cela a été au tour d’un membre du FAL qui a lié la lutte pour des mesures sanitaires solidaires, la lutte pour la Culture populaire à celle contre les extrêmes-droites. Ce fut ensuite le tour des concerts avec la participation prévue ou improvisée d’Ambiance néfaste, A.K. et Prophesy qui sont venus rapper en compagnie de REQ et MEL, mais aussi de Jet le Man, DJ Feo, Ali Hyène et CO qui sont eux venus rapper en compagnie de Pavé (aka KingLee) et de Mangouste. Seul Bek Veg Ter, slameur antifasciste flamand, n’a pas pu finalement intervenir et nous a écrit un petit texte.

Après les concerts, dernière surprise, la fanfare du Nord est venue ouvrir notre cortège en musique vers le second moment de la journée pour le Banquet Solidaire à l’esplanade Saint-Léonard !

Celui-ci avait pour slogan « La plus belle terrasse c’est celle où on prend la place » et soulignait une nouvelle fois la nécessité de mesures sanitaires solidaires avec comme intervenant.e.s invité.e.s à prendre la parole : Sortir du Bois, Revers, La cantine populaire Le Chaudron, La Santé en Lutte, Les Braises, METAL (Mouvement des Étudiant.e.s et Travailleur.se.s des Arts en Lutte), ATEMOS atelier couturières solidaires sans-papiers, Le Front Antifasciste, L’Appel Zapatiste et plusieurs chants, slams et danses.

Enfin, une masse critique est partie sillonner les autres mobilisations en cours à Liège afin de relier le tout dans ce 1er mai solidaire et joyeux : les jeunes artistes place du xx août, la street party, le cinéma sauvenière, le cortège vers le Shamrock, les danses et percussions de l’Aquilone boulevard saucy, une reprise symbolique du pont saint-léonard, etc.

Profitons également de notre compte-rendu pour saluer et remercier les camarades qui ont mené leurs activités à Bruxelles, en particulier la plateforme pour un premier mai révolutionnaire, la manifestation pour la régularisation des sans-papiers ou encore le premier mai unitaire « Masqué.e.s mais pas muselé.e.s » à la place de Brouckère. 

Nous remercions l’ensemble des personnes présentes en cette journée et en particulier les artistes et le public qui ont tout déchiré !

Prises de paroles de différentes personnes dans le cadre de cette journée

Dans ce retour sur le 1er mai, nous avons voulu laisser beaucoup d’espaces aux artistes et autres participantes. C’est pourquoi nous leur avons demandé quelques retours sur cette journée et comment ils l’ont vécu.

1. Interview de la personne de La Cible ASBL qui avait demandé l’autorisation pour notre rassemblement culturel

[FAL] : « Salut ! Est-ce que tu peux nous raconter comment s’est déroulé ce signalement d’interdiction par les Renseignements Généraux [ndlr : la police] ?

[La Cible ASBL] : Le vendredi 30 avril vers 20h00 – 20h30, mon GSM a sonné. J’ai répondu bien que je ne connaisse pas le numéro. C’était les renseignements généraux. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas trouvé ma maison pour me signifier l’interdiction de manifestation que j’avais introduite au nom de de L’ASBL La Cible pour le rassemblement culturel contre l’extrême droite. J’ai expliqué que pour des raisons urbanistiques mystérieuses, ma maison était difficile à trouver. Ils m’ont demandé s’ils pouvaient repasser un quart d’heure plus tard. N’étant pas chez moi, ne sachant pas l’heure de mon retour, j’ai répondu qu’il fallait trouver une autre solution. Ils m’ont alors proposé de m’envoyer par courriel l’interdiction de manifestation. Ce qu’ils ont fait. Et m’ont ensuite rappelé pour que j’accuse réception de cette interdiction. Je me suis exécutée par retour de mail.

[FAL] : « Est-ce que tu as été surprise de cette démarche ? Comment lis-tu cette interdiction de notre rassemblement culturel contre les extrêmes-droites ? »

[La Cible ASBL] : J’ai été plus que surprise par cette démarche. Je leur ai demandé s’il était normal de signifier ce type d’interdiction au domicile privé de la personne. D’autant que j’introduisais la demande pour une asbl et pas à titre privé. Ils m’ont répondu que c’était la procédure. Qu’ils avaient fait la même démarche auprès de Nation. J’ignorais cette procédure. On en apprend tous les jours. Et je ne vais pas parler de la date et l’heure à laquelle l’interdiction m’est signifiée. La veille à 20h, c’est juste dingue. Autant dire que j’avais très peu de moyen de communiquer cette information au public.

Quant à l’interdiction, je lis ça comme « on a interdit la manif de Nation, alors on interdit aussi la contre-manif. Traitement égalitaire. Personne ne peut se plaindre ». Je le dis de manière aussi basique que cela me semble. Ce qui est injustifié puisque notre action était bien plus large et rassembleuse (avec le secteur culturel, associatif, le syndicat etc…) qu’une action de type « contre-manif ». Mais quand bien-même, elle n’aurait été « qu’une contre-manif », nous mettre sur un pied d’égalité et interdire notre action représente pour moi un grave danger dans la lutte contre les partis d’extrême droite. Les actions des partis d’extrême droite ne devraient jamais être autorisées. Celles de tous les opposants aux partis d’extrême droite doivent toujours être autorisées ! En aucun cas, on ne peut les traiter de la même manière. Ou alors la police a eu peur d’affrontements. Ce qui n’est pas un bon motif non plus. On était tellement nombreux, tellement en mode rassembleur, que les fachos auraient fait demi-tour rien qu’à nous voir.

[FAL] : « Sinon t’as passé une bonne journée en ce premier mai ? T’as un commentaire à nous faire sur cette journée ainsi que sur les luttes à venir, que ce soit pour la Culture et les dits « non-essentiels », des mesures sanitaires solidaires ou dans la lutte contre les extrêmes-droites ?

[La Cible asbl] : Il y avait du monde place St Lambert avant qu’on ne nous oblige à bouger. Ça m’a mis d’extrêmement bonne humeur. Et puis surtout, il y avait des gens de tous les horizons : des jeunes et moins jeunes, des familles, des personnes du secteur culturel et artistique, des syndicalistes, des antifa… Cette diversité est pour moi une des clés de la lutte contre les partis et les idées d’extrême droite. La lutte contre les partis et les idées d’extrême droite doit être partout, dans tous les secteurs, en fonction du secteur. Par ailleurs, notre rassemblement culturel contre l’extrême droite a quand-même pu se tenir sur une autre place. Face aux fachos, on ne lâche jamais rien. Et ça, c’est une force qu’on doit garder et entretenir. Et puis enfin, au 1°mai syndical place St Paul a pris la parole un slameur flamand prévu place St Lambert. Cette convergence des luttes contre l’extrême- droite (mais aussi en général contre les injustices, le capitalisme…), c’est ce qui me motive personnellement.

[FAL] : « Merci pour ces retours ! On n’oubliera pas de partager votre communiqué de presse [7] sur ce 1er mai liégeois. »

2. Le texte de Beg Vek Ter, slameur flamand, qu’il voulait nous présenter lors de la journée. Il s’agit d’un texte en français et en néerlandais

T’inquiètes pas Carrera, je ne veux pas que t’attaquer. J’ai aussi envie de dire des trucs qui sont cool. Car ton prénom m’invite à te demander est-ce que ça roule? Buitengegooid door N-VA, virée par le Vlaams Belang. Elke rechtse politicus die wél een carrière heeft lacht je uitwant de enige Nationale Beweging die je maakt is er eentje achteruit. Tu va finir par te retrouver au chômage, dommage. Car si tu ne trouves pas de travail, tu vas rejoindre la racaille. Je venster op de wereld is beperkt tot simplismen, en toch gooi je je eigen ruit weer inwant je haat syndicalisten, maar binnenkort heb je ons nodig voor het betalen van je uitkering Je carrière ging in stijgende lijn (hitlergroet), maar nu stel ik enkel een daling vast. Door je foute daden werd je door je trouwe soldaten je in de kou gelaten -Stalingrad. Pas op, met onze loopbaan is ook het één en ander verkeerd, daarom eisen we hogere bedragen,en dat bereiken we juist door te staken. Maar jouw loopbaan is net zoals de mensen die je vereert: dood en begraven,je kan er een hakenkruis over maken. Snap je, ze doen heel stoer, maar eigenlijk zijn neonazi’s bang en ze stressen. Ze kunnen ons en de slaap niet vatten, want ze vrezen terecht een Nacht van de Lange Messen. T’adores les troupes allemandes, mais contrairement à l’armée, ton mouvement va jamais marcher. Want een Vlaamse facho is regionaal, en een Waalse facho is nationalistisch. Dus je beweging is de facto marginaal en amateuristisch. Mais elle a choisi son camp, en dat kamp heet Auschwitz. Jouw enige gelaagdheid zit in je outfits. Grappig dat je haat op moslima’s met hoofddoeken, die beschouw je als crimineel en zeer verdacht. Maar zelf ben je ook heel vertrouwd met traditionele klederdracht. Op die manier maak je veel theater, ook al is jouw rol eigenlijk uitgespeeld. Maar je zingt nog steeds geen toontje lager, bij jou thuis worden sommige liedjes luid gekweeld‘Zolang de leeuw kan klauwen… ‘heeft hij moeite om een stylo of een klavier in zijn poten te houden. Je publiceert artikels op je site met in elke zin minstens vijf grote fouten. Het doet pijn aan mijn ogen wanneer ik je verhaal daar zie. Madam wil de facho uithangen maar bereikt nog niet eens het niveau van taalnazi. Et apparemment maintenant elle aime bien les Wallons, tiens, c’est quoi qui a changé? Car elle aime aussi Schild en Vrienden, ce groupe elle a toujours adoré. La seule raison de s’allier avec des francophones c’est parce que “samenwerken” se traduit par “collaborer” 

3. Texte de Solidarité Culture Liège

« Bonjour,
Aujourd’hui Solidarité Culture Liège prend la parole en affirmant sa position antifasciste. Le secteur culturel et associatif liégeois se positionne du côté de la liberté d’expression et de l’inclusivité. Nous n’accepterons jamais que des pans entiers de la société soient qualifiées de « racailles ».
Il y a un an, atterrés par le manque de réaction des pouvoirs locaux sur la mise en arrêt brutal du secteur associatif et culturel, une poignée d’opérateurs lançait un appel à la solidarité et à la considération pour le tissu culturel liégeois. En mai 2021, malgré les nombreux appels au secours du secteur, le bilan est catastrophique et ne cesse de s’aggraver. Il impacte non seulement la plupart des structures mais également de très nombreux travailleurs et travailleuses : artistes, programmateurs, techniciens, logisticiens, chargé de communication, de diffusion et de promotion… Rien que dans la province et la ville de Liège, on constate que des dizaines de salles de spectacle sont vides depuis un an et sans perspective. Des centaines d’employés suspendus en chômage covid. Plus d’un millier de prestataires techniques et artistiques sans contrat. Plusieurs millions de pertes pour le secteur. De nombreuses petites associations et écoles de danse, abandonnées des pouvoirs publics, et au bord de la faillite. Même les structures les plus saines qui font le gros dos depuis un an se retrouvent en difficulté financière et sont empêchées de remplir leur mission. Malgré des demandes claires et répétées, malgré plusieurs rendez-vous avec les autorités, malgré des interpellations politiques, nous continuons à déplorer un évident manque de considération à tous et à tout niveau politique.
Solidarité Culture Liège est un interlocuteur fiable, structuré et déterminé, soutenu activement par un groupe porteur d’une dizaine de personnes, au minimum quatre groupes de travail en parallèle, plus d’une centaine de participants impliqués régulièrement lors de réunions plénières, trois cents associations investies, mille quatre cents citoyens ayant signés l’appel. Nous pouvons donc affirmer être un collectif, diversifié dans son ADN et proche du terrain. Il est temps que nos mandataires politiques le comprennent. Nous ne sommes pas une poignée de citoyens isolés. Notre démarche est solidaire et constructive, nous continuerons à nous battre pour obtenir des réponses positives et concrètes à long terme. La seule mesure annuelle « Place aux artistes » ne constitue pas réellement une réponse suffisante à la détresse du secteur, ne répond pas aux besoins criants des acteurs culturels locaux, besoins qui sont recensés et relayés par Solidarité Culture Liège.
Solidarité Culture Liège se désolidarise donc de « Place aux artistes » et ne souhaite pas être associé à une organisation qui méprise les acteurs culturels déjà actifs et se substitue aux programmateurs comme aux équipes techniques. Nous soutenons néanmoins tous les artistes, tous ceux qui décident de répondre à l’appel car il leur offrent une réelle opportunité professionnelle. Que ceux qui décident de boycotter car les conditions ne correspondent en rien aux besoins techniques de leur discipline. 
Concrètement, Solidarité Culture Liège réclame immédiatement un soutien financier en cette période de fermeture obligatoire, une aide à la réouverture, un accès facilité à l’espace public, des protocoles clairs pour l’accueil du public. De manière générale et en permanence. Solidarité Culture Liège réclame la mise en place d’une politique culturelle transparente et à l’écoute des réalités du terrain, la publicité du budget culturel et de l’attribution des subsides et la création d’un véritable guichet d’informations dédiés à la Culture à Liège.
Solidarité Culture Liège, c’est Vous, c’est Nous, c’est tout un pan de la société ! Alors n’hésitez pas à nous rejoindre, notre groupe est ouvert. »

4. MEL et REQ

«Ça fait juste beaucoup de bien de revivre des moments de partage comme ceux-ci. Retrouver un peu de chaleur humaine. Merci ! » (REQ)

5. Texte de Mangouste

« Ce samedi premier mai, après un an et demi d’absence complet sur scène en raison des mesures sanitaires, nous avons eu la chance et le plaisir de nous exprimer derrière le micro répondant ainsi à l’invitation du Front antifasciste de Liège que j’en profite pour remercier ici.
Si l’envie de jouer, le plaisir de partager et le contact humain nous motivaient pour venir présenter un set Hip-Hop, ils n’étaient pas la raison principale de notre présence. Pour nous, il était d’abord important de soutenir la résistance liégeoise contre l’extrême droite et montrer que notre ville est fière d’afficher sa multiculturalité et son opposition aux idées nauséabondes ! Symboliquement, je pense que cette journée est une réussite, voir des gens rire, danser, chanter, vivre tout simplement, est devenu comme quelque chose d’exceptionnel, on a vu Liège raviver sa flamme loin de l’ambiance du bois de la Cambre… 
Cela m’a aussi permis de revoir REQ du groupe Marbre dont j’apprécie beaucoup le travail ainsi que de rencontrer MEL et Les Mc’s D’AMBIANCE NÉFASTE qui, en matière de talent, ne sont pas en reste. Ça fait grave plaisir de voir cette génération s’exprimer comme ça au mic. Heureux aussi de voir mon Ami ALFREDO ACUÑA (radio Equinoxe Namur Agradecido) qui a fait le déplacement de Gand pour nous soutenir comme il le fait déjà pour notre projet de compil de soutien à PABLO HASÉL, rappeur catalan incarcéré en Espagne avec comme seul crime d’avoir écrit des textes engagés. (Hé oui, l’extrême droite n’est pas le monopole de quelques nazillons décérébrés, elle flirte sans complexe dans la sphère du pouvoir capitaliste, les cordons sanitaires sont rompus depuis longtemps et le masque de la démocratie grimace sur l’Europe.) Vous pourrez entendre en collaboration avec ÓSCAR DALTON, MC de Barcelone, notre morceau « Cerbatana ».
Pour ce qui est du live (un big-up à Pavé qui a ouvert le bal !), une fois encore, j’ai eu la chance d’être épaulé par CO (Eric Yobov, Prolétaire Production et studio Tortuga) qui en plus d’être producteur, est aussi un beatmaker productif avec lequel je travaille régulièrement depuis 20 ans ! Pour marquer cette date, une compil « Team Prolétaire » est actuellement en cours de conception.
Comme d’habitude et parce que le Hip Hop c’est aussi le partage, les bons feat. étaient au rendez-vous avec l’équipe d’ADTL (Autour De La Table, groupe liégeois qui prépare son EP, au taquet pour chauffer le micro). ADLT, c’est des frangins, Mc’s, Beatmakers, Deejay, les mecs vivent le truc, c’est des passionnés et ça kick tout le temps. 5 de ses membres étaient présents dont 3 Mc’s :    
• JET LE MAN qui sort son album solo « A l’ombre du Caducée » et qui m’assiste sur scène depuis 3 ans.   
• DJ FLEO (Cellule autonome) figure incontournable en deejaying, il est aussi un Mc et beatmaker confirmé. Il sort son album solo « Zedou raté » enregistré et mixé à Prolétaire production.   
• KAMOSAN c’est le représentant « new school » du groupe, une plume implacable, la fraîcheur poétique de ses punchlines et son flow vont laisser une trace dans le rap belge. Avec des jeunes comme lui  on peut partir en paix, la relève est assurée.
Deux autres membres d’ADLT étaient de la partie, SITTING à la caméra et CO que je ne présente plus. Mon frère de cœur et de son ALIHYENE, équipier dans LIBERTAS GENTES, m’a gratifié de sa présence sur 3 morceaux d’albums différents : « Utopie pirate » ; « Figure de proue » et « Terrien vague ». Ce petit voyage dans le temps m’a fait grand plaisir.
Encore merci pour votre invitation et votre mobilisation.
Peace,
Mangouste.


NOTES

[1] Et non après la fusillade du 16 avril comme l’ont annoncé à tort les médias qui ont pour la plupart encore joué un drôle de jeu en faveur des fascistes. L’événement de Nation a pris une ampleur plus large après sa médiatisation par la presse classique, en particulier par La Meuse et cela est dû à des choix éditoriaux. Si ces articles de presse reprenaient sans contre-discours ou sans commentaires les propos et visuels publicitaires de Nation – passant outre le cordon sanitaire politique – ils ont été même plus loin en ajoutant de l’huile sur le feu avec des propos caricaturaux et sensationnalistes sur d’éventuelles violences presque comme si ils les espéraient. De plus, ils se sont contentés à parler d’extrême-gauche pour parler de la pluralité des structures organisatrices et des personnes qui allaient être présentes ou en limitant notre rassemblement culturel, solidaire et antifasciste à une « contre-mobilisation ». Une fois encore, ils ont joué sur une mise en équivalence entre fascisme et antifascisme, ce qui est grave. Pour finir, ils ont pris un malin plaisir à publier en dernière minute l’interdiction de la Ville de Liège ce qui ne pouvait que démobiliser les participant-es vu la teneur du message. Très loin d’un travail d’information, donc, quitte à utiliser le fascisme et à lui faire de la pub afin de gagner quelques clics supplémentaires.

[2] Date historique du mouvement ouvrier rappelant les martyrs ouvriers et anarchistes de Chicago en 1886, qui étaient pour la plus plupart des travailleurs émigrés, et qui est devenu ensuite un événement international pour les luttes des travailleurs et des travailleuses. Bref, on peut difficilement faire plus éloigné de l’extrême-droite et de la droite comme héritage.

[3] https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2020/11/29/l_elue-vlaams-belang-carrera-neefs-exclue-du-parti-apres-son-h/

[4] Faisons remarquer que la campagne d’affichage de Nation dans l’espace public fut rapidement et spontanément nettoyée par des citoyens et citoyennes ainsi que par des participant-es du FAL, tandis que l’action à Seraing a été vite répondue par des militant-es du PTB.

[5] Un badge identificatoire que les policiers doivent légalement et obligatoirement porter. Ce dernier est trop souvent « oublié » par les policiers, ce qui leur permet de se soustraire plus facilement à d’éventuelles plaintes et de rester anonymes s’ils font quelque-chose d’illégal.

[6] Remarquons néanmoins que la police, une fois « débarrassée » de notre présence, a tout simplement déserté la place Saint-Lambert laissant tout le loisir aux fascistes de venir l’occuper s’ils le désiraient. Des antifascistes ont donc continué de vérifier que ce n’était pas le cas. Nouvelle illustration que l’antifascisme n’est et ne sera que le fait de la population elle-même.

[7] On le retrouve ici sur leur page facebook : https://www.facebook.com/lacible.be/photos/a.1491680847798460/2592524017714132/