Billet d’humeur d’un participant du Front
edit : le cabinet de Jan Jambon a été mis au courant de l’affaire en juillet 2018.
Le 24 février 2018 décédait monsieur Chovanec des mains de la police. La technique meurtrière utilisée est connue, elle a déjà tuée à de nombreuses reprises et nombre d’associations de défense des droits humains demandent son interdiction : il s’agit d’une technique d’asphyxie, le plaquage ventral.
Comme trop souvent, l’affaire est mise sous le tapis : rapport médical tronqué (ce dernier, par exemple, ne mentionne jamais les violences policières qu’à subi la victime), l’enquête ne progresse pas d’un iota, les policiers impliqués continuent à travailler, les proches de la victime sont laissés à l’abandon et sans aucune nouvelle pendant que la hiérarchie policière couvre l’affaire : tout va bien dans le meilleur des mondes. Il faut attendre que la vidéo sorte dans la presse pour que l’affaire devienne publique. La vidéo est particulièrement dure, on y voit certains policiers en train d’asphyxier violemment monsieur Chovanec, d’autres sont hilares de la situation pendant qu’une policière, dont la situation a l’air de l’amuser particulièrement, va jusqu’à faire un salut nazi…
C’est ce geste qui choque le public dans un premier temps. Alors la police multiplie, quitte à se contredire, des justifications au geste : cela est présenté comme une blague, quelque chose à mettre sur le compte de la jeunesse, un appel vers les ambulanciers ou, pire encore dans un renversement des charges, la policière ne ferait qu’imiter les gestes que la victime aurait fait à leur encontre. Bref, la police ment et multiplie les mensonges, ce qui en dit long sur ses modes de fonctionnement interne.
Trop concentrée à trouver une (mauvaise) justification à ce geste, la communication policière oublie le principal : la mort de Jozef Chovanec. Cette absence est un second choc pour le public. Dans un premier temps, la police fédérale va affirmer ne pas avoir été au courant alors que le comité P, la police des polices, avait été saisie. Dans un second temps, la police va changer de stratégie, elle va inverser la charge : la communication policière va alors transformer la victime en coupable. La violence qu’elle subit est présentée comme relevant de sa propre responsabilité, sa mort, in fine, de son propre fait. La police parle de rébellion, d’alcool et de drogue, or l’autopsie et les analyses qui suivront démonteront ces arguments de la police : il n’était sous aucune influence.
Il y a malgré tout quelque chose de chiffonnant, non dans les mensonges de la police si présents dans les cas de violences policières, mais dans la légitimation constante de la violence policière exercée contre des corps : systématiquement c’est la victime qui doit prouver sa probité. On peut alors se poser la question, si la personne avait été alcoolisée, cela aurait-il rendu légitime sa mort violente par la police ? Mais d’autres questions se posent également : comment interpréter l’impunité du meurtre policier, comment cela se fait-il qu’il n’y ait eu aucune suite et que le comité P n’a pris aucune sanction ?
Il y a de nombreux enjeux, prenant ici un caractère vital, à s’interroger sur cette institution de prétendu contrôle qu’est le comité P mais aussi de l’autre instrument de contrôle de la police, la justice. De trop nombreux exemples, comme ce fut le cas pour la petite Mawda Shawri, viennent trop souvent montrer les collusions, l’omerta et les formes de solidarités corporatives des institutions violentes de l’État entre l’institution policière et ses institutions de contrôle. Nous devons nous interroger sur les structures, les formes et tous les dispositifs qui construisent l’impunité policière.
Pour couvrir les critiques, le prétendu numéro 2 de la police de l’aéroport démissionne. Bien que dans les faits il est simplement muter dans un poste administratif. Par le biais d’un fusible, la police tente de calmer l’affaire. Or, si la situation des violences et du harcèlement policier est plus aiguë dans les aéroports (1), on sait que la question du fascisme dans la police, de l’usage de la violence et de l’impunité policière qui en découle est bien plus large. Les noms des multiples décès de la police de ces dernières années sont là pour nous le rappeler… Ce n’est pas la démission d’un dirigeant de la police qui aura un impact à ce sujet.
Mais la mauvaise blague ne s’arrête pas là : le président de commission de l’Intérieur qui va traiter de l’assassinat de Monsieur Chauvanec est un Vlaams Belang, Ortwin Depoortere (VB). C’est un membre de l’extrême-droite qui va diriger les débats autour de la mort de monsieur Chovanec du fait d’une institution raciste pendant qu’une policière fait le salut nazi. Après la mort, les insultes, voilà donc le dernier camouflet…
(1) Nous pouvons voir ici les différents événements couverts par « getting the voice » concernant l’aéroport de Charleroi, les expulsions et les violences à l’encontre de personnes depuis des années : https://www.gettingthevoiceout.org/?s=Charleroi
(2) Mentionnons que Campagne Solidarity – FR a déjà organisé une action à l’aéroport de Charleroi et propose un prochain rendez-vous le samedi 29 août, à 15h, à Bruxelles au SPF Justice, Boulevard de Waterloo 115. (Métro Hôtel des Monnaies) L’événement : https://www.facebook.com/events/322229189021411